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Apprennent à marcher, à s’arrêter ensemble :
Déjà même un char vide est par eux emporté,
Et glisse sur l’arène avec agilité ;
Puis sous un lourd fardeau, qu’ils ébranlent à peine,
Ils font crier la roue, et sillonnent la plaine.
Cependant, pour nourrir tes élèves naissants,
Au feuillage du saule, au vert gazon des champs,
À l’herbe des marais joins la moisson nouvelle.
De la mère autrefois on pressait la mamelle :
Pasteur plus indulgent, laisse-la sans regret
Pour ses tendres enfants épancher tout son lait.
Mais veux-tu près d’Élis, dans des torrents de poudre,
Guider un char plus prompt, plus brûlant que la foudre ?
Veux-tu, dans les horreurs d’un choc tumultueux,
Régler d’un fier coursier les bonds impétueux ?
Accoutume son œil au spectacle des armes,
Et son oreille au bruit, et son cœur aux alarmes :
Qu’il entende déjà le cliquetis du frein,
Le roulement des chars, les accents de l’airain ;
Qu’au seul son de ta voix son allégresse éclate ;
Qu’il frémisse au doux bruit de la main qui le flatte.
Ainsi, de la mamelle à peine séparé,
Ton élève à son art est déjà préparé ;
Déjà son front timide et sans expérience
Vient aux premiers liens s’offrir sans défiance.
Mais compte-t-il trois ans ? Bientôt, mordant le frein,
Il tourne, il caracole, il bondit sous ta main ;
Sur ses jarrets nerveux il retombe en mesure :
Pour la rendre plus libre, on gêne son allure ;
Tout à coup il s’élance, et, plus prompt que l’éclair,
Dans les champs effleurés il court, vole, et fend l’air.