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La Grèce quittera, pour ces jeux magnifiques,
Ses combats néméens, ses fêtes olympiques.
Le front ceint d’olivier, c’est moi qui du vainqueur
Couronnerai l’adresse ou la mâle vigueur.
Je me trompe, ou déjà la pompe auguste est prête :
Allons, marchons au temple, et commençons la fête ;
Allumons cet encens, égorgeons ces taureaux.
Le théâtre m’appelle à ses mouvants tableaux ;
J’y vole : nos captifs à ma vue empressée
Étalent ces tapis où leur honte est tracée :
Sur les portes ma main grave nos fiers combats,
Le Nil au loin roulant sous des forêts de mâts.
Pour mieux représenter sa honte et notre gloire,
L’indien me fournit son or et son ivoire ;
Et l’airain des vaisseaux usurpateurs des mers,
En colonne, à ma voix, va monter dans les airs.
Je montrerai l’Asie et ses villes tremblantes,
Le Niphate pleurant sur ses rives sanglantes ;
Et le Parthe perfide, en son courroux prudent,
Qui combat dans sa fuite, et résiste en cédant ;
Et César aux deux mers étalant leurs conquêtes,
Et d’un double trophée embellissant nos fêtes.
Au milieu je ranime en marbre de Paros
Les fils d’Assaracus, les descendants de Tros,
Ces dieux, ces demi-dieux, cette famille immense,
Que termine César, que Jupiter commence.
Dans un coin du tableau je mets l’Envie aux fers,
Et j’étale à ses yeux les tourments des enfers :
Les serpents d’Alecton, les ondes de Tantale,
La roue infatigable, et la roche fatale.
Cependant, ô Mécène, animé par ta voix,
Pour guider les troupeaux je rentre dans les bois.
Viens : déjà des bergers les trompes m’avertissent ;
Déjà des chiens ardents les clameurs retentissent ;
Le coursier frappe l’air de ses hennissements ;
Le taureau lui répond par ses mugissements ;
Et l’écho des forêts et l’écho des rivages