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La vigne veut des soins sans cesse renaissants ;
De la terre trois fois il faut fendre les flancs,
Sans cesse retrancher les feuilles inutiles,
Sans cesse tourmenter des coteaux indociles.
Le soleil tous les ans recommence son cours :
Ainsi roulent en cercle et ta peine et tes jours.
Même lorsque le cep, privé de sa parure,
Cède aux froids aquilons un reste de verdure,
Déjà le vigneron, reprenant ses travaux,
Bien loin vers l’autre année étend ses soins nouveaux ;
Déjà, d’un fer courbé, la serpette tranchante
Taille et forme à son gré la vigne obéissante.
Veux-tu de ses trésors t’enrichir tous les ans ?
Prends le premier la bêche et les hoyaux pesants ;
Retranche le premier les sarments inutiles ;
Le premier jette au feu leurs dépouilles fragiles ;
Renferme leurs appuis ; remets-les le premier :
Pour boire du nectar vendange le dernier.
Deux fois de pampres verts la vigne est surchargée ;
Deux fois d’herbage épais sa tige est assiégée.
Ne désire donc point un enclos spacieux :
Le plus riche est celui qui cultive le mieux.
Ne faut-il pas encor, le long des marécages,
Dans le fond des forêts, au penchant des rivages,
Couper le saule inculte et le houx épineux,
Et marier la vigne aux ormeaux amoureux ?
Enfin au dernier rang tu parviens avec joie :
Tout ton plant façonné sous tes yeux se déploie,
Et je t’entends chanter la fin de tes travaux.
Eh bien ! La bêche encor doit fouiller tes coteaux ;
Et, quand la grappe enfin mûrit sous son feuillage,
Pour noyer ton espoir, il suffit d’un orage.
L’olivier, par la terre une fois adopté,
De ces pénibles soins n’attend pas sa beauté :
Fouille à ses pieds le sol qui nourrit sa verdure,
C’est assez : dédaignant une vaine culture,