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Et pour l’homme naissant épura la lumière.
Les aquilons glacés et l’œil ardent du jour
Respectaient la beauté de son nouveau séjour.
Le seul printemps sourit au monde en son aurore ;
Le printemps tous les ans le rajeunit encore ;
Et, des brûlants étés séparant les hivers,
Laisse du moins entre eux respirer l’univers.
Tes ceps sont-ils plantés ? Il faut couvrir de terre,
Engraisser de fumier, le lit qui les resserre :
Là, que la pierre ponce aux conduits spongieux,
Que l’écaille poreuse, enfouie avec eux,
Laisse pénétrer l’air dans leurs couches fécondes,
Et du ciel orageux interceptent les ondes.
J’ai vu des vignerons, du ciel favorisés,
Couvrir leurs ceps de pierre ou de vases brisés :
Ainsi du chien brûlant ils évitent l’haleine ;
Ainsi la froide hyade inonde en vain la plaine.
Mais à la terre, enfin, dès qu’ils sont confiés,
Que souvent le hoyau la ramène à leurs pieds :
Qu’on y pousse la bêche ; et, sans rompre les lignes,
Que le soc se promène au travers de tes vignes.
Puis tu présenteras aux naissants arbrisseaux
Ou des appuis de frêne, ou de légers roseaux ;
La vigne les rencontre ; et l’arbuste timide,
Conduit sur les ormeaux par ce fidèle guide,
Bientôt unit son pampre à leurs feuillages verts ;
Comme eux soutient l’orage, et les suit dans les airs.
Quand ses premiers bourgeons s’empresseront d’éclore,
Que l’acier rigoureux n’y touche point encore :
Même lorsque dans l’air, qu’il commence à braver,
Le rejeton moins frêle ose enfin s’élever,
Pardonne à son audace en faveur de son âge ;
Seulement de ta main éclaircis son feuillage.