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Et son suc, du vieillard qui respire avec peine,
Raffermit les poumons et parfume l’haleine.
Mais l’Inde et ses forêts, et leur riche trésor,
Et le Gange, et l’Hermus qui roule un limon d’or,
Et les riches parfums que l’Arabie exhale,
À l’antique Ausonie ont-ils rien qui s’égale ?
Colchos, pour labourer tes vallons fabuleux,
Mets au joug des taureaux étincelants de feux ;
Que des dents d’un dragon les fatales semences
Hérissent tes guérets d’une moisson de lances.
Le blé pare nos champs, le raisin nos coteaux ;
J’y vois mûrir l’olive, et bondir nos troupeaux.
Ici l’ardent coursier s’échappe au loin sur l’herbe :
Là paissent la génisse et le taureau superbe,
Qui, baignés d’une eau pure, et couronnés de fleurs,
Conduisent aux autels nos fiers triomphateurs.
Deux fois nos fruits sont mûrs, deux fois nos brebis pleines ;
Même au sein des hivers, l’été luit dans nos plaines :
Mais ce sol ne nourrit ni le tigre inhumain,
Ni le poison qui trompe une imprudente main.
Nul lion n’y rugit, et jamais sur l’arène
Une hydre épouvantable à longs plis ne s’y traîne :
Partout sont de beaux champs qu’éclairent de beaux cieux,
Où la nature est riche, et l’art industrieux.
Vois ces forts suspendus sur ces rochers sauvages,
Ces fleuves dont nos murs couronnent les rivages :
La mer de deux côtés nous présente son sein ;
Vingt lacs autour de nous ont creusé leur bassin.
Ici le Lare étend son enceinte profonde ;
Là, tel qu’un océan, le Bénac s’enfle et gronde.
Peindrai-je ces beaux ports, ce hardi monument
Qui maîtrise l’orgueil d’un fougueux élément ;
Et, dans les lacs voisins lui laissant un passage,
Présente à nos vaisseaux une mer sans orage ?
Fouille ces champs féconds : le fer, l’argent, l’airain,
L’or même, en longs ruisseaux circulent dans leur sein ;