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J’ai chanté les guérets et le cours des saisons ;
Soyez à votre tour l’objet de mes leçons,
Beaux vergers, sombres bois, et vous, riches vendanges.
Viens ! Tout répète ici ton nom et tes louanges ;
Viens, Bacchus ! De tes dons ces coteaux sont couverts ;
L’automne a sur son front tressé tes pampres verts ;
Et déjà sur les bords de la cuve fumante
S’élève en bouillonnant la vendange écumante :
Descends de tes coteaux, mets bas ton brodequin,
Et rougissons nos pieds dans des ruisseaux de vin.
Et toi, de qui la main vint m’ouvrir la barrière,
Mécène, soutiens-moi dans ma longue carrière.
Que d’autres de la fable empruntent les atours ;
Que leur muse s’égare en de vagues détours :
Le vrai seul est mon but, et toi seul es mon guide.
Sur la fleur des objets glissons d’un pas rapide :
Pour tout approfondir, tout peindre dans mes vers,
La nature est trop vaste, et tes moments trop chers.
Les arbres, de la terre agréable parure,
Sortent diversement des mains de la nature.
Les uns, sans implorer des soins infructueux,
Dans les champs, sur les bords des fleuves tortueux,
Naissent indépendants de l’industrie humaine :