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plus grands citoyens ; pour toi j’ose ouvrir les sources sacrées d’Aonie et redire aux villes romaines les leçons du poëte d’Ascra.

Je vais parler maintenant de la nature des terrains, de leur force, de leur couleur et du genre particulier de culture qui leur est propre. D’abord, les terres ingrates, les collines pierreuses où dominent et l’argile, et les cailloux, et les buissons, aiment à recevoir les plants vivaces de l’olivier, cher à Pallas. On le reconnaît sans peine au grand nombre d’oliviers sauvages qui y croissent naturellement et qui couvrent au loin le sol de leurs fruits amers. Au contraire, une terre grasse, que pénètre une douce humidité, dont la fécondité se révèle par l’abondance et la vigueur de ses herbages, et telle qu’une de ces heureuses vallées qu’on découvre parfois au creux des montagnes, et qu’on voit arrosées par les eaux qui tombent de la crête des rochers et y portent un limon qui les enrichit ; une telle terre, si d’ailleurs elle est exposée au midi, si le soc de la charrue y rencontre souvent l’importune fougère, te donnera un jour des ceps vigoureux, chargés de grappes pleines d’un vin délicieux, de ce vin qu’on verse aux dieux dans des coupes d’or, lorsque, aux jours de fêtes, l’obèse Étrurien souffle dans la flûte d’ivoire devant les autels, et que