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qui baignent l’Italie au nord et au midi ? et des deux lacs qui y ont creusé leur bassin, toi, Larus, immense plaine d’eau, et toi, Bénac, dont les flots s’enflent et frémissent comme ceux de la mer ? Dirai-je et les havres et les puissantes digues qui protègent le Lucrin, et les stridentes clameurs de la mer s’y brisant indignée, et faisant retentir au loin le port Julius du bruit de ses vagues refoulées et se précipitant bouillonnantes dans l’Averne ?

Cette même Italie nous montre dans son sein et l’argent et le cuivre circulant en longs ruisseaux ; les sables d’or roulent dans ses rivières. L’Italie a enfanté des races d’hommes indomptables, les Marses, les Sabins, les Liguriens endurcis à la peine, et les Volsques armés de javelots : elle nous a donné les Décius, les Marius, les grands Camilles, les Scipions infatigables à la guerre, et toi, le plus grand de tous, ô César, toi qui, déjà vainqueur des peuples les plus reculés de l’Asie, écartes en ce moment des frontières de l’empire l’Indien sans force devant tes armes.

Salut, terre de Saturne, terre féconde en moissons, fertile en héros ; salut ! Je chante pour toi cet art du labour honoré jadis par tes