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le poirier, ainsi métamorphosé, porte des pommes, et la cornouille pierreuse se teint des couleurs vermeilles de la prune.

Vous donc, ô laboureurs, étudiez avec soin les diverses espèces pour donner à chacune la culture qui lui convient, et apprenez à dompter par la greffe l’âpreté des fruits sauvages.Ne laissez point de terres oisives : plantez le raisin sur les flancs de l’Ismare, et que je voie le Taburne se revêtir d’oliviers.

Et toi, Mécène, mon noble appui, toi le plus beau lustre de ma renommée, soutiens-moi de ta présence dans la carrière où je m’engage, et fais voile avec moi sur cette mer immense. Je n’ambitionne pas d’embrasser dans mes vers toute la nature : non, et je ne le pourrais même pas, quand j’aurais cent langues, cent bouches et une poitrine de fer. Daigne seulement, marchant à mes côtés et sans perdre la terre de vue, côtoyer avec moi le rivage. Je ne te fatiguerai pas ici par de vaines fictions, par de longs détours ou d’inutiles préambules.

Les arbres qui d’eux-mêmes s’élèvent fièrement dans les airs, sont, il est vrai, stériles, mais ils croissent plus beaux et plus vigoureux, parce que la nature du sol où ils poussent leur est propre. Cependant, si on les greffe ou si on les transplante dans une