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l’aimable fils d’Hippolyte et d’Aricie, Virbius, que sa mère envoyait à de nobles hasards. Virbius, nourri par elle dans les bocages d’Égérie, au bord de ces fontaines où s’élève chargé d’offrandes l’autel de Diane exorable. Hippolyte avait péri, victime d’une injuste marâtre ; il avait, par son sang, satisfait au courroux d’un père, et gisait mis en pièces par ses chevaux épouvantés. Rappelé, dit-on, des ombres de la mort, il revit la lumière par un miracle de Péon, et grâce à l’amour de Diane. Mais le maître du monde, indigné qu’un mortel remontât de la nuit des enfers à la clarté des cieux, foudroya l’inventeur d’un art qui triomphait du trépas, et précipita le fils d’Apollon dans les abîmes de l’Érèbe. Tremblante alors pour Hippolyte, la déesse des bois le cacha sous ses profonds abris, dans l’épaisseur de ces retraites où la nymphe Égérie se dérobe aux regards profanes. Là seul, au sein des forêts italiques, il coula dans d’obscurs loisirs ses jours mystérieux, et dut à sa vie nouvelle le nouveau nom de Virbius. Aujourd’hui même encore, Diane écarte de son temple et de ses religieux ombrages les coursiers dont elle craint la fougue, depuis qu’effrayés par un monstre des mers, ils jetèrent contre le roc et leur guide et son char. Cependant le fils d’Hippolyte n’en pressait pas moins dans la plaine d’impétueux coursiers, n’en volait pas moins aux combats sur un char plus prompt que l’éclair.

Lui-même, glorieux chef de ces chefs magnanimes, Turnus les efface en beauté sous sa brillante armure, et lève au-dessus d’eux tous sa tête