Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/447

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y porte un prompt trépas. Renversé de son coursier superbe, Amycus implorait le secours de son frère Diorès ; Turnus saute de son char, et les immole tous les deux : l’un, prévenu dans sa course, meurt percé d’une longue javeline ; l’autre expire sous le tranchant du glaive : le vainqueur suspend à son char leurs têtes séparées du tronc, et promène en triomphe ce sanglant trophée.

Le Troyen plonge aux enfers et Talon, et Tanaïs, et l’intrépide Céthégus, terrassés tous trois du même choc ; il y plonge après eux le malheureux Onytès, descendant d’Échion, et dont Péridie fut la mère. À son tour, l’Ardéen envoie chez les morts deux frères venus de la Lycie, de ces champs heureux que chérit Apollon ; il y précipite encore l’infortuné Ménète, jeune et timide Arcadien, qu’aurait dû sauver du trépas son horreur pour la guerre. Simple pêcheur des bords de Lerne aux ondes poissonneuses, Ménète y vécut long-temps du travail de ses mains : content de son humble cabane, il ignorait le faste des grandeurs ; et son vieux père cultivait pour autrui le champ qu’il habitait.

Pareils au double incendie qui, des bouts opposés d’une forêt épaisse, vole embrasant sur son passage et les chênes arides et les bruyans lauriers ; ou semblables à deux torrens écumeux, dont les flots rapides roulent avec fracas du sommet des montagnes, et courent s’abîmer dans le sein des mers, à travers les champs qu’ils ravagent : tels, et non moins impétueux, Énée, Turnus, se précipitent à travers la