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Quel que soit l’impie dont le fer déchira tes flancs, la mort sera son salaire. » Sur le penchant de ces hauteurs, s’élevait l’immense tombeau du vieux roi Dercennus, antique souverain de Laurente : un vaste amas de terres en composait la masse, et l’yeuse touffue le couvrait de son ombre épaisse. C’est là que, d’un vol rapide, la belle Nymphe vient s’abattre ; et, de cette éminence, son œil cherche le cruel Arruns. À peine l’a-t-elle vu, fier de ses armes brillantes, et bouffi d’un vain exploit : « Où vas-tu ? lui crie-t-elle. Pourquoi cette fuite tortueuse ? Tourne ici tes pas ; viens chercher la mort ; viens recevoir le digne prix de ton noble triomphe. Lâche ! était-ce à toi de mourir sous les traits de Diane ! »

Elle dit, et déjà la Nymphe en courroux a tiré de son carquois d’or une flèche rapide. Elle tend son arc vengeur, le courbe avec force, et les bouts qui s’approchent cèdent à l’effort de ses mains immortelles : tandis qu’elle touche de la gauche la pointe du fer ailé, la droite amène sur son sein la corde obéissante. Aussitôt le trait siffle, les airs au loin résonnent ; et dans le même instant, Arruns, le bruit frappe ton oreille, et le fer se plonge dans ton cœur. Le malheureux expire, abandonné de ses compagnons d’armes ; nuls regrets ne l’honorent à son dernier soupir ; et ses restes gisent ignorés sur la poudre sanglante. Opis, d’un vol léger, remonte au céleste séjour.

Privé de sa vaillante reine, l’escadron léger de Camille prend le premier la fuite : les Rutules fuient