Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ses conseils. Telles, aux champs de la Thrace, les belliqueuses Amazones foulent d’un pas guerrier les rives du Thermodon, et choquent à grand bruit leurs armes colorées : tantôt à l’entour d’Hippolyte, tantôt suivant le char victorieux de l’audacieuse Penthésilée, ces fières héroïnes hurlent en chœur l’hymne de la victoire, et secouent d’un air martial le croissant de leurs boucliers.

Qui sentit le premier tes coups, redoutable guerrière ? qui le dernier périt sous l’effort de ton bras ? Dieux ! que de morts entassés par tes armes sur l’homicide arène ! Le fils de Clytius est ta première victime ; c’est Eunée : il s’avançait vers toi, la poitrine découverte ; ta longue javeline lui traverse le cœur. Il vomit en tombant des flots d’un sang épais, mord la terre fumante, et se roule en mourant sur sa blessure. Camille frappe ensuite et Liris et Pagasus : l’un, abattu de son coursier blessé, ressaisissait les rênes ; l’autre volait au secours de son ami, et lui présentait dans sa chute l’appui d’un bras désarmé : tous deux succombent, percés en même temps. Avec eux, elle immole Amaster qu’Hippotas mit au jour. Elle poursuit, du fer de sa lance, Harpalyce, et Démophoon, et Chromis, et Térée : autant sa main terrible a fait voler de dards, autant de guerriers troyens ont mesuré la terre. Paré d’une armure sauvage, Ornytus, ardent chasseur, accourt sur un coursier nourri dans les champs d’Iapix : un cuir énorme, dépouille d’un taureau superbe, couvre ses larges épaules ; sur sa tête, un loup difforme étale