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contemple avec respect cette fière Amazone : « Ô vous, répondit-il, vous, la gloire de l’Italie, magnanime guerrière ! que ne vous dois-je pas ? et quels éloges seraient dignes de vous ? Oui, puisque votre grand cœur est au-dessus de tous les périls, partagez avec moi les travaux de cette journée. Si j’en crois un bruit sourd et le rapport de mes coureurs, Énée se flatte de nous surprendre : détachée par ses ordres, une troupe légère doit battre la plaine devant nous, tandis qu’accourant lui-même du sommet désert des montagnes, il songe à fondre sur Laurente. Je lui prépare une embuscade dans les profonds ravins de ces bois, parmi les défilés dont mes nombreux soldats investiront la double issue. Vous, cependant, marchez aux Tyrrhéniens, et qu’ils fuient devant vos enseignes : avec vous combattront et le vaillant Messape, et l’élite des Latins, et les forces de Tibur. Glorieux chef de ces guerriers, Camille, dirigez leur valeur. » Il dit ; et s’adressant ensuite aux braves prêts à seconder l’héroïne, il les enflamme d’une belliqueuse ardeur ; puis il s’élance et vole à l’ennemi.

À travers les rocs tortueux s’étend un noir vallon favorable aux surprises, et propre aux ruses militaires : une forêt épaisse en couvre les flancs ténébreux : on n’y pénètre que par un sentier difficile, par une gorge étroite, obscur et dangereux passage. Au-dessus de ces monts sauvages, par delà leur cime escarpée, règne une plaine inaperçue, d’où l’œil plane au loin sans obstacle ; poste sûr et commode,