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nombreux escadrons. Qu’une vaillante élite ferme les abords de Laurente, et veille à la défense des tours : que le reste de l’armée s’apprête à marcher sous mes ordres. »

Soudain la foule en mouvement vole de tous côtés aux remparts. Le sage Latinus lui-même a rompu l’assemblée. Il abandonne ses grands desseins, il cède au malheur des temps, et n’espère plus qu’en l’avenir. Combien il se reproche d’avoir méconnu les destinées du fils d’Anchise ! qu’il voudrait aujourd’hui l’avoir accepté pour époux de sa fille et pour héritier de son trône ! Cependant les uns creusent de larges fossés à l’entour de la ville ; les autres en hérissent les approches de décombres et de palissades : la bruyante trompette donne le signal sanglant du carnage. On voit les femmes et les enfans border, de leurs rangs confondus, le sommet des murailles : la grandeur du péril arme la faiblesse même.

Plus loin, montée sur un char, et suivie du nombreux cortège des dames de sa cour, la reine s’avance vers les lieux élevés où domine le temple de Pallas : elle s’avance chargée de pieuses offrandes. À ses côtés est l’aimable Lavinie ; Lavinie, cause innocente de tant de maux, et baissant ses yeux pleins de charmes. Les mères, à leur suite, apportent leurs hommages ; elles parfument le temple des vapeurs de l’encens ; et sur le seuil du sanctuaire, leur voix lamentable implore ainsi la déesse : « Divinité guerrière, ô toi qui présides aux batailles, redoutable Pallas ! brise, de ta main puissante, la lance du brigand phrygien ;