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plus vives prières, rien n’a pu le fléchir : il faut que les Latins cherchent d’autres alliés, ou demandent la paix au héros d’Ilion. À cette nouvelle, Latinus même pâlit ; la tristesse l’accable. Il reconnaît dans Énée celui qu’appellent et les destins et la faveur du ciel : le courroux des dieux, et ces tombeaux récens dont l’image l’afflige, l’en avertissent assez. Aussitôt, il convoque un conseil solennel ; il mande autour de sa personne les princes de l’empire, et leur ouvre ses vastes lambris. Ils accourent en foule ; et leurs flots inondent les avenues de la royale demeure. Le vieux monarque s’assied au milieu d’eux : dans sa main est le sceptre des rois, mais son front vénérable a perdu sa sérénité. On introduit enfin les guerriers revenus de la nouvelle Argos : Latinus leur ordonne d’exposer ce qu’ils ont à dire, et veut qu’un récit fidèle instruise l’assemblée du vain succès de leur message. De toutes parts règne un profond silence ; et Vénulus, pour obéir au roi, prend ainsi la parole :

« Nobles enfans du Latium ! nous avons vu Diomède et le camp des Argiens : après un pénible voyage, échappés à tous les hasards, nous avons touché la main sous qui tomba Pergame. Dans les champs d’Iapyx, au pied du mont Gargan, ce héros fondait les remparts d’Argyripe, dont le nom lui retrace l’heureuse Argos qui l’a vu naître. Introduits dans son palais, admis à son audience, nous étalons nos présens : nous faisons connaître et nos titres et notre patrie : nous disons quel ennemi nous apporte la guerre,