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justice ou de votre valeur ? Oui, notre reconnaissance va publier votre sagesse dans la cité qui nous vit naître ; et, si le sort nous en offre un moyen, nous associerons sous de meilleurs auspices le fils d’Anchise au monarque du Latium : que Turnus cherche ailleurs des alliés. C’est peu : ces murs promis à vos destins, nous voulons nous-mêmes en hâter les travaux ; nos bras porteront avec joie les pierres du nouvel Ilion. »

Il dit ; un murmure favorable confirme ce discours. La trêve suspend les combats jusqu’à la douzième aurore ; et réunis du moins par leurs communs regrets, les guerriers de Laurente et de Troie parcourent paisiblement ensemble les bois et les montagnes. Le frêne retentit sous les coups de la cognée tranchante ; les pins, au front voisin des nues, ont mesuré la terre ; le chêne et le cèdre odorant crient sous les coins qui les déchirent, et les chars gémissans roulent des ormes entassés.

Mais déjà, dans son vol précurseur du lugubre cortège, la Renommée remplit d’alarmes Évandre, et le toit paternel et les remparts de Pallantée ; la Renommée, hélas ! qui racontait naguère au Latium les exploits de Pallas. Les Arcadiens s’élancent de leurs murs ; et, fidèles à leurs mœurs antiques, ils s’avancent portant des torches funéraires : la route brille éclairée d’un long cordon de feu, et la plaine réfléchit au loin la lueur des flambeaux. Bientôt les Troyens arrivent, et leur troupe éplorée joint celle des Arcadiens en pleurs. À peine le fatal convoi a franchi les remparts, soudain les mères font retentir