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sous les vastes portiques, de toutes parts éclatent les douleurs : les femmes, se meurtrissant le sein, poussent vers le ciel des cris lamentables ; et les voûtes mugissantes retentissent au loin de sanglots lugubres. Lui-même, en voyant sur le lit de mort ce front encore plein de charmes, en voyant ce sein d’albâtre ouvert d’une blessure profonde par la lance ausonienne, il ne peut retenir ses larmes, il s’écrie en soupirant : « Faut-il, infortuné jeune homme ! faut-il que le sort, au moment qu’il me sourit, m’enlève un ami tel que toi, qu’il ne t’ait pas permis de voir ces bords sous mon empire, et de retourner en triomphe au palais de ton père ? Ce n’est point là ce que j’avais promis à la tendresse d’Évandre, dans nos derniers adieux ; lorsque, me serrant sur son cœur à l’instant du départ, il me frayait la route à de glorieux destins, et m’annonçait non sans quelque terreur, quels peuples redoutables habitent l’Italie, quelle race belliqueuse j’allais avoir à combattre. En ce ce moment, hélas ! bercé d’un chimérique espoir, peut-être il fait des vœux, et charge les autels de ses dons supplians : et nous, baignant de pleurs un héros qui n’est plus, un prince quitte envers le ciel, nous entourons de vains honneurs ses restes insensibles ! Malheureux père ! tu verras, ô douleur ! les funérailles de ton fils. Voilà donc ce fortuné retour et ces triomphes attendus ! voilà la foi d’Énée ! Mais du moins, magnanime Évandre, tu n’auras point vu Pallas atteint de honteuses blessures, et le salut d’un fils ne condamnera point son