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épais qui nous pressent, voilà notre chemin : c’est là que nous appellent la patrie et l’honneur ; vous y suivrez Pallas. Ce ne sont point des dieux qui nous poursuivent : mortels, nous n’avons à combattre qu’un ennemi mortel : avons-nous moins de cœur ? avons-nous moins de bras ? D’un côté, la mer nous oppose l’immense barrière de ses ondes ; de l’autre, c’est la terre qui manque à notre fuite : entre les gouffres de l’Océan et les remparts de Troie, avons-nous à choisir ? » Il dit, et s’élance en courroux au fort des dards qui le menacent.

Le premier qui s’offre à ses coups, c’est Lagus, poussé par son mauvais destin. Tandis que l’imprudent soulève un bloc d’un poids énorme, Pallas le perce d’un javelot rapide à l’endroit où, partageant le dos, l’épine sépare les deux flancs. Vainqueur, il retirait avec effort le fer arrêté dans la plaie, quand soudain fond sur lui l’impétueux Hisbon, qui se flattait de le surprendre. Vain espoir ! Pendant qu’Hisbon se précipite en aveugle pour venger, dans sa fureur, le trépas sanglant de Lagus, le héros prévient son ennemi, et lui plonge son épée jusqu’au fond des entrailles. Ensuite il attaque Sthénélus, il renverse Anchémole ; Anchémole, reste incestueux du vieux sang de Rhétus, et dont l’infâme amour osa souiller la couche de sa marâtre. Et vous aussi, vous tombez dans les champs rutules, vous, nés le même jour, ô Laris, ô Thymber, aimables enfans de Daucus ! Votre douce ressemblance embarrassait vos parens mêmes, et leur causait une agréable erreur ;