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drapeaux sont accourus trois cents guerriers fidèles, tous brûlans de la même ardeur ; on y compte ceux qu’a nourris Céré, ceux qui labourent les champs du Minio, et les antiques Pyrgiens, et la jeunesse de Gravisque aux marais empestés.

Je ne t’oublierai pas, généreux chef des Liguriens, ô Cynire ! je ne t’oublierai pas, ô Cupavon, toi dont la suite est peu nombreuse, mais qu’ennoblit ton casque où se déploie le plumage d’un cygne. L’amour fit le malheur des tiens, et ton panache rappelle encore l’oiseau dont Cycnus prit la forme. Privé de Phaëton, qu’il avait tant aimé, Cycnus, dit-on, pleurait inconsolable : seul, à l’ombre des peupliers, autrefois sœurs de son ami, l’infortuné venait gémir et charmer par ses chants son amour affligé : blanchi par l’âge et les regrets, on le vit, ô merveille ! se couvrir mollement d’un duvet argenté, quitter les demeures terrestres, et porter dans les airs sa plainte harmonieuse. Son fils, embarqué sur les flots avec des guerriers de son âge, fait mouvoir à force de rames le gigantesque Centaure : le monstre s’avance dominant les flots, il menace les ondes d’un roc énorme qu’il suspend dans les airs ; et sa carène immense sillonne au loin les mers profondes.

Le vaillant Ocnus amène aussi les peuples des contrées qui l’ont vu naître ; Ocnus, qu’ont mis au jour la divine Manto et le fleuve de Toscane : c’est lui, Mantoue, qui te ceignit de murs et te nomma du beau nom de sa mère ; Mantoue, noble ouvrage de plus d’un chef