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sentimens divers, font entendre un murmure confus. Tels, au premier souffle des vents, les bois frémissent agités : un bruit sourd se prolonge et présage aux nautoniers la tempête prochaine. Alors le maître du monde, l’arbitre suprême de la nature, élève sa voix auguste : il parle, et dans le vaste Olympe règne un profond silence ; la terre tremble en ses fondemens ; les orages s’apaisent dans les plaines de l’air ; les Zéphyrs respectueux ont suspendu leur haleine, et la vague s’endort sur les mers aplanies. Écoutez tous mes décrets, et qu’ils ne cessent point d’être présens à vos pensées. Puisque les nœuds d’une alliance ne peuvent unir Pergame et l’Ausonie ; puisque vos longs débats ne connaissent point de terme : quelle que soit aujourd’hui la fortune des ce deux peuples, quelles que doivent être leurs destinées futures, et Troyens et Rutules, tous à mes yeux seront égaux. Soit que le malheur des Latins les consume sans fruit au siège de ces remparts, soit qu’un prestige funeste et des présages trompeurs y tiennent enfermés les Troyens, je ne prétends servir ni Troie ni l’Italie. Que chacun doive à ses conseils ou ses revers ou ses succès. Jupiter est le roi de tous : les destins trouveront leur cours. » Il en jure par les gouffres du Styx, pâle domaine de son frère ; par ces rives désolées, où roulent de noirs torrens de bitume et de feu. Son front majestueux s’incline, et ce signe redoutable fait trembler tout l’Olympe.

Là finit le conseil des dieux : Jupiter se lève de son