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au son rauque et terrible. Il tempère par ce discours la fougue d’une valeur précoce : « Qu’il vous suffise, fils d’Énée, d’avoir fait tomber impunément Numanus sous vos coups : le puissant Apollon vous accorde cette première victoire, et voit en vous un rival, sans en être jaloux : mais désormais, enfant, n’affrontez plus la guerre. » Ainsi parle Apollon : tout à coup il se dérobe aux regards des mortels, et loin des yeux s’évapore dans le vague des airs. Les princes Troyens ont reconnu le dieu et ses flèches divines ; ils ont entendu, dans sa fuite, le bruit lointain de son carquois. Dociles aux volontés du ciel, ils arrachent le bouillant Ascagne aux hasards des batailles : pour eux, ils revolent aux combats, et de nouveau courent prodiguer leur vie au milieu des dangers.

Un cri s’élève des remparts, et se prolonge au loin à l’entour des murailles. Soudain, les arcs meurtriers sont tendus, et les dards sifflent dans les airs : la plaine est jonchée de traits : l’airain des boucliers et les casques sonores retentissent de mille coups : la mort vole dans tous les rangs. Telle, vomie du couchant par les humides Chevreaux, une pluie orageuse bat la terre inondée : telles, condensées en grêle épaisse, les nues se précipitent sur les mers, quand, escorté des noirs autans, Jupiter en courroux déchaîne la tempête, et tonne dans les cieux au sein de la nuit profonde.

Dans le camp troyen combattaient Pandarus et Bitias, tous deux nés sur l’Ida, tous deux fils d’Alcanor ; géans énormes qu’éleva dans les bois consacrés à