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sa javeline, il s’arme d’une fronde aux lanières sifflantes, trois fois en fait tourner dans l’air les flexibles courroies, et, du plomb brûlant qui s’échappe avec force, fracassant la tête au guerrier, le fait rouler sans vie sur l’arène.

Ce fut alors, dit-on, qu’Ascagne fit pour la première fois voler dans les combats une flèche rapide, et, las de n’effrayer que les paisibles habitans des bois, terrassa de sa main novice l’orgueilleux Numanus, qu’illustrait le surnom de Rémulus, et que Turnus venait d’unir à la plus jeune de ses sœurs par les liens de l’hyménée. À la tête des assaillans, superbe et vomissant l’outrage, le cœur enflé de ses récens honneurs, il s’avançait avec audace, et provoquait les Troyens par d’insolentes clameurs : « Ainsi donc, ô honte ! vous attendez un nouveau siège ; de nouveaux murs vous emprisonnent ! Phrygiens, deux fois captifs, vous cacherez-vous toujours sous de lâches remparts ? Les voilà, ces guerriers qui viennent, le fer à la main, nous disputer nos épouses ! Quel démon, quel vestige vous a jetés sur nos rivages ? Ici, croyez-moi, point d’Atrides, point d’Ulysse fertile en beaux discours. Race aguerrie, nous sommes dignes de nos ancêtres. À peine arrivés à la vie, on nous porte au bord des torrens, on nous endurcit aux frimas dans la glace et les ondes. L’enfant, déjà chasseur, épie sa proie, même avant l’aube, et de ses courses fatigue les forêts : ses jeux sont d’assujettir un coursier, de tendre un arc retentissant. La jeunesse, à son tour, infatigable dans les travaux, et