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le serment solennel. Mais au-dessus de tous les dons, il est une grâce que j’implore. Le ciel me conserve une mère, du beau sang de Priam, une mère infortunée, qui s’arracha, pour me suivre, des rivages d’Ilion et du palais d’Aceste. Et moi, sans l’avertir du péril où je cours, sans l’avoir saluée, peut-être, de mes derniers adieux, je la laisse, et je pars ! Non, j’en atteste la Nuit, j’en atteste votre main sacrée, je ne soutiendrais pas les larmes d’une mère. Mais vous, au nom des dieux ! consolez ses douleurs, soulagez son triste abandon. Que j’emporte de vous cette douce espérance ! et je vole, avec plus d’audace, affronter tous les hasards. » Les Troyens s’attendrissent, et des pleurs coulent de leurs yeux. Le bel Iule, surtout, ne peut retenir ses larmes, tant son cœur s’émeut à l’image de la piété filiale ! « Ah ! compte, s’écrie-t-il, sur des bienfaits sans bornes, comme ton service est sans égal. Oui, ta mère sera la mienne, il ne lui manquera que le nom de Créuse : avoir mis au monde un tel fils, quel plus beau titre à nos hommages ? Dût le sort tromper ta vaillance, Pergame acquittera sa dette. J’en jure par mes jours, par qui jurait mon père ; les dons promis à ton retour, promis à ta victoire, je les assure à ta mère chérie, je les assure à ta noble famille. »

Ainsi parlait Ascagne, les yeux mouillés de larmes : en même temps il détache, pour en ceindre Euryale, son épée où l’or étincelle, que fabriqua dans Gnosse l’art merveilleux de Lycaon, et qui s’ajuste avec grâce dans un fourreau d’ivoire. Mnesthée donne