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L’ÉNÉIDE.


LIVRE NEUVIÈME.


Tandis que ces soins guerriers occupent loin du Tibre le héros troyen, la fille de Saturne, du haut des sphères étoilées, envoie Iris vers l’audacieux Turnus. Assis alors dans un vallon solitaire, sous les ombrages consacrés à l’auteur de sa race, au divin Pilumnus, Turnus y reposait sa fougue. La brillante messagère l’aborde, et de ses lèvres de rose, « Turnus, dit-elle, ce que n’eût osé promettre à tes vœux aucun des Immortels, la fortune aujourd’hui vient te l’offrir d’elle-même. Énée, quittant sa nouvelle Troie, délaisse et son peuple et sa flotte, pour aller, au mont de Pallas, mendier les secours d’Évandre. Que dis-je ? il court, jusqu’aux plages reculées où régna Corythus, armer une poignée d’Étrusques, un vil ramas de pâtres. Qui t’arrête ? où sont tes coursiers ? où sont tes chars ? Il en est temps : pars, vole, et porte l’effroi dans ses camps. » À ces mots, déployant ses ailes, Iris remonte vers l’Olympe, et trace, en fuyant sous la nue, un arc immense de lumière.

Le guerrier l’a reconnue. Les bras tendus vers elle, et la suivant des yeux sous la voûte azurée, il s’écrie :