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récentes promesses. Non moins diligent, le fils d’Anchise, à la même heure, venait au-devant du vieux roi. Pallas accompagnait Évandre, Achate accompagnait Énée. Ils s’abordent, leurs mains s’unissent ; et sous le toit qui les rassemble au milieu du palais, ils reprennent en liberté leurs nobles conférences. Ainsi commence le fils d’Arcas :

« Magnanime chef des Troyens ! non, puisque vous vivez, Pergame n’est pas vaincue, et sa gloire doit renaître. Faible appui de tant de grandeur, nos forces n’égalent pas vos besoins. D’une part, le fleuve toscan resserre nos états ; de l’autre, le Rutule nous presse, et tonne autour de nos murailles. Mais je puis vous associer des nations formidables, et grossir votre armée de leurs nombreuses phalanges. Un hasard inespéré vous montre le port du salut : vous arrivez conduit par les destins propices. Non loin s’élèvent, au penchant des collines, les antiques remparts d’Agylla, fondée jadis par une tribu guerrière, qui, des champs de Lydie, vint s’établir sur les monts étruriens. Long-temps heureuse et florissante, Agylla subit dans la suite le joug superbe d’un tyran : Mézence l’accabla de son sceptre de fer. Vous peindrai-je les jeux sanglans du barbare ? vous dirai-je ses affreux forfaits ? Dieux ! qu’ils retombent sur sa tête et sur sa race infâme ! Le monstre ! il accouplait à des cadavres des malheureux pleins de vie, les mains appliquées sur les mains, la bouche collée sur la bouche : tourment digne des enfers ! et sur ces lits fétides, dans ces horribles embrassemens, il aimait à voir ses