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Ilus, Assaracus, Tros, et Dardanus, le fondateur de Troie ; brillante postérité, magnanimes héros, nés dans des siècles plus prospères. Autour d’eux, on admire et des chars vides et d’éclatantes armures ; des lances reposent enfoncées dans la terre, et des coursiers sans frein bondissent en liberté. Vivans, ils aimaient les chars et les armes, ils aimaient les coursiers superbes : le même attrait les charme encore au-delà du trépas.

Ailleurs, des groupes de convives, mollement couchés sur l’épaisseur des herbes, célèbrent au milieu des festins les louanges des dieux. Une forêt de lauriers les couvre de ses ombrages balsamiques ; et descendues par des routes secrètes, les belles eaux de l’Éridan s’y promènent à travers une éternelle verdure. Sous ces berceaux odorans sont les guerriers fidèles, dont le sang versé dans les batailles coula pour la patrie ; les saints pontifes, dont la vie fut chaste et sans tache ; les poëtes religieux, qui ne firent entendre que des chants dignes d’Apollon ; les inventeurs des arts chers à l’humanité ; ceux enfin qui, par des bienfaits, ont mérité de vivre dans la mémoire. Tous rayonnent, le front ceint d’un bandeau plus blanc que la neige. Au milieu de ces ombres répandues autour d’elle, c’est à Musée surtout que la Sibylle s’adresse, à Musée, qu’un cercle nombreux environne, et dont la taille majestueuse frappe au loin les regards. « Dites-nous, âmes fortunées ; dis-nous, sublime enfant des Muses, quelle région, quels lieux habite Anchise. C’est pour le voir que