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gage de sa constante sollicitude pour le progrès des lettres, et de sa respectueuse admiration pour le plus parfait des poètes latins. C’est même le sentiment vif et profond de cette admiration qui priva si long-temps le public d’un travail complètement achevé depuis plusieurs années. Mais encore mécontent, lorsque les juges sévères qu’il consultait n’avaient plus rien à désirer dans ce bel ouvrage, M. De Guerle en reculait d’année en année la publication ; et, sans ambition littéraire, comme sans intrigues politiques, il redoutait jusqu’au bruit de sa renommée.

Peut-être même pourrait-on lui reprocher d’avoir porté quelquefois jusqu’à l’excès cette défiance de lui-même, et de la réalité de ses droits à plus de récompenses et d’avancement. Lorsque des jours plus heureux eurent enfin lui sur la France, lorsque la légitimité eut détrôné l’usurpation, qui ne se serait attendu à voir l’auteur de la Proclamation du camp de Jalès, le rédacteur du Mémorial, réclamer à juste titre le prix de sa courageuse éloquence ? M. De Guerle ne fit aucune démarche, n’éleva pas seulement la voix : il laissa pleuvoir sur d’autres les titres, les décorations ; et content de porter l’honneur invariablement gravé dans son âme, il n’en brigua pas même le signe extérieur. Il ne demanda jamais rien : il fit plus ; il refusa plus d’une fois ce qui lui était offert et légitimement dû. C’est ainsi que dans une circonstance bien remarquable, à l’époque désastreuse des Cent jours, il ne voulut pas accepter la place de Proviseur