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auprès de lui, ni de ce titre puissant de recommandation, ni de la confraternité que les lettres avaient établie entre les deux poètes. Il attendit en silence que l’on pensât à lui ; persuadé que, sous un chef aussi juste, il lui suffirait d’avoir mérité pour obtenir. Il ne se trompait pas. Lorsqu’on s’occupa de la formation de la Faculté des Lettres, M. de Fontanes le nomma à la chaire d’Éloquence française[1] ; et, peu de temps après, un autre arrêté l’appela aux fonctions de Censeur des Études au Lycée impérial (aujourd’hui Collège Louis-le-Grand).

Il est fâcheux, sans doute, que M. De Guerle n’ait pas cru pouvoir concilier les devoirs de sa place de Censeur avec les travaux de sa chaire d’Éloquence. Formé de bonne heure à l’école des grands orateurs de l’antiquité, familiarisé lui-même avec tous les secrets de l’art de la parole, tous les artifices de la langue oratoire, il eût donné à son cours tout l’intérêt, tout l’éclat que comporte la richesse des ma-

  1. Nous transcrivons ici, comme un monument honorable pour sa mémoire, la lettre que lui écrivit M. de Fontanes en lui envoyant sa nomination. «  Je vous annonce avec plaisir, Monsieur, que vous êtes nommé membre de la Faculté des Lettres de Paris. J’ai dû choisir pour composer cette Faculté, qui doit être le modèle de toutes les autres, les hommes les plus propres à lui donner de la considération et de l’éclat. J’ai donc jeté les yeux sur vous, et je me félicite de voir l’Université vous compter parmi ses premiers officiers. Elle doit tout attendre de vos talens et de votre zèle. » Recevez, etc.