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complots, soit à périr dans les tortures. Bientôt la foule, accourue pour le voir, l’environne de toutes parts : une joie tumultueuse insulte aux fers du captif. Mais écoutez, ô Reine, quelles embûches nous dressait la lâcheté des Grecs ; et par l’infamie d’un seul, apprenez à les connaître tous. Dès qu’il s’est arrêté, seul et sans armes, au milieu de ce cercle immense, il se trouble, il soupire ; et promenant des regards inquiets sur les phalanges Troyennes rangées autour de lui, « Ciel ! dit-il, quel coin du monde, quelle rive hospitalière, peut maintenant m’offrir un refuge ? Malheureux ! à qui recourir dans ma détresse ? C’est donc peu que Mycènes me refuse un asyle ! Pergame justement irritée demande mon supplice. »

À cette voix gémissante, la fougue des esprits s’apaise, et le calme succède aux premiers transports. On l’exhorte à parler. Quel sang lui donna le jour ? que peut-il nous apprendre ? Maîtres de sa destinée, pouvons-nous compter sur sa foi ? Telles étaient nos questions ; déposant enfin la crainte, il répond en ces termes :

« Monarque généreux, oui, quelque sort qui m’attende, je publierai devant vous la vérité toute entière. Argos est ma patrie, je vous dois ce premier aveu ; et si la fortune a rendu Sinon misérable, du moins son injustice n’en fera point un imposteur, un traître. Peut-être un récit fidèle a-t-il porté jusqu’à vous le nom de Palamède, de ce prince, noble race de Bélus, et dont la renommée se plaît à célébrer la gloire. Accusé d’une trame imaginaire, sa vertu succomba sous un jugement inique. Parce