Page:Virenque - L'enclos du rêve, 1904.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
vieux


Par les étroits sentiers ils s’en vont tout joyeux ;
Bientôt ils ne sont plus qu’une ombre qui s’efface,
Et jusqu’au seuil usé de leur chaumine basse,
Ils devisent gaîment, répétant à grand bruit :
« À demain.
« À demain— À demain.
« À demain— A demain.— Bonne nuit.
« À demain.— A demain.— Bonne nuit— Bonne nuit. »

Quand les premiers rayons qui dorent les cabanes
Crèveront aux rameaux les bourgeons des platanes,
Sur la placette où bifurquent plusieurs chemins,
Ils reviendront, les vieux. Les vieilles en leurs mains
Tiendront toujours le fil de leurs quenouilles grises,
Et sur un tronc d’ormeau séché, toutes assises,
Deviseront encor de contes fabuleux,
Les hommes, le bâton sous leurs gros doigts calleux,
Parleront du blé vert des dernières semailles.

Et ce seront, dans cette paix, les accordailles
Des tendresses d’Avril et de leurs corps flétris,
Le renouveau posant dans ces vieux tout meurtris,
Comme une pâle fleur des regains de la vie.
Et bien qu’ils aient souffert à la pente gravie,