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l’enclos du rêve


Ils laisseraient traîner leurs plumes en passant
Sur les tas de foin roux que la menthe parfume,
Et puis s’endormiraient après quand le soir fume
Et met au fond du ciel des roses et du sang.

Au matin, ils s’éveilleraient avec les choses ;
Leur essaim danserait, fol, autour de mes yeux,
Et sur le seuil du jour je fuirais avec eux
Butiner le jardin des chimères écloses.

Le bonheur serait là sous ces rameaux ombrés,
Et ce calme horizon sur sa pente l’abrite :
Pourtant je partirai sans essayer du gîte
Et sans chercher le toit rougeoyant sur ces prés,

Car nous ne devons pas suivre notre pensée
Aux méandres ombreux où l’espoir l’appela :
Il nous faut cheminer la vie, et tout est là
De savoir cheminer la route commencée.