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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

qui règne sur nos vies, sur nos cœurs, celle dont le nom et la gloire, retentissant à travers l’Europe, furent souvent dans mes voyages un sujet de joie et d’orgueil ? Le pouvais-je. ?… Et maintenant, permettez-moi de me présenter moi-même puisqu’il n’y a dans ce château — Dieu merci ! — personne qui puisse le faire : votre humble et féal sujet, Magnus-Gabriel de la Gardie qui n’a qu’un désir sur terre : vous consacrer sa vie !

Et plus caressant encore :

— Dites-moi que vous me pardonnez, Madame !

— Je vous pardonne, murmura Christine avec douceur, en lui tendant une main qu’il couvrit de baisers fervents.

En évoquant les lèvres pleines et rouges, Christine ferma les yeux et frissonna avec délices.

Puis avec un rire de malice :

— Porter la reine entre ses bras ! Savez-vous qu’en Espagne, vous seriez déjà au pied du gibet, jeune imprudent ?

La glace était rompue. Jacob de la Gardie, cavalier brun de fière mine, survint à son tour. Ses regards semblaient aimantés par la jeune Ëbba, debout derrière la reine, dont le fin visage rieur avait retrouvé ses couleurs. Tous causèrent joyeusement. Le soir, Christine disait rêveusement à son amie :

— Si Magnus ressemble à sa mère autant qu’on le prétend, comme je comprends la passion de mon père !