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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

— Mais surtout l’histoire biblique qui explique la parole de Dieu et les articles de la foi…

— Je lui enseignerai moi-même les sciences politiques et l’art de gouverner, fit Axel Oxenstiern.

— Et moi les sciences militaires ! s’écria le connétable du royaume, Jacob de la Gardie.

Quant aux conseillers, ils déclarèrent en chœur que, deux fois par semaine, ils viendraient mettre leur petite reine au courant des événements d’Europe et des derniers potins des Cours.

Tant d’hommes graves et considérables arborant la toge et le bonnet carré pour une écolière de dix ans, n’était-ce pas à la fois touchant et un peu comique ?

Ce n’était point, il est vrai, une écolière ordinaire.

Après la vie monotone et morne qu’elle avait menée près de sa mère, elle se rua dans l’étude avec toute l’ardeur de sa race et de son sang.

Elle travaillait jusqu’à douze heures par jour, se levait avant l’aube et continuait très avant dans la nuit.

Elle eut l’heureuse fortune de trouver dans Jean Matthiae le parangon des précepteurs, savant et étonnamment érudit sans être pédant, pieux sans fanatisme, observateur sagace et plein de malice. Il comprenait les boutades de son élève et savait non seulement les excuser, mais y répondre.

— Avec vous tout au moins, on peut rire ! disait celle-ci.

Il était, en outre, absolument désintéressé. Au milieu d’une cour, foyer d’intrigues comme toutes les cours, il demeurait parfaitement libre d’ambitions, dédaigneux des honneurs comme des prébendes.

C’est son élévation spirituelle qui lui conquit le cœur de l’enfant solitaire.

— Vous êtes mon seul ami, lui disait-elle, le seul auquel je puisse tout confier !