— À cause uniquement de cette maudite branche. Sinon, je vous ai observé et n’ai jamais vu dompter un cheval avec plus de force et d’adresse !
— Il est vrai que si Pepito a du sang, je sais d’ordinaire m’en faire obéir… Permettez-moi maintenant, Monsieur, de me présenter. Chevalier de Dohna, fils du comte de Dohna, conseiller et grand chambellan de la Cour de Suède.
— C’est un honneur pour nous, Monsieur, de connaître le fils d’un personnage aussi digne de respect. À mon tour de vous présenter mon ami, le comte Sentinelli et moi-même, marquis de Monaldeschi, simples gentilshommes qui voyageons pour notre plaisir et notre instruction.
— N’êtes-vous pas Italiens, Messieurs ?
— Italiens, en effet, et de Rome…
— Ah ! Rome ! s’écria Christine. Je fais, moi aussi, un voyage d’études et compte bien m’arrêter d’ici quelques mois dans la ville des Césars et des Papes.
— Peut-être aurons-nous donc le plaisir de nous y rencontrer ? Monsieur, car nous devons bientôt rentrer chez nous. En attendant de vous retrouver un jour, nous souhaitons qu’aucun accident ne vienne plus traverser votre route et que vous trouviez dans ce voyage à la fois plaisir et profit…
Monaldeschi souleva son feutre d’un geste plein de grâce et, suivi de son ami, courut vers les chevaux restés dans la clairière. Ils les enfourchèrent et disparurent par un des chemins qui s’y croisaient.
— À quoi penses-tu ? demanda alors Sentinelli. Pourquoi te sauver si vite alors que la demoiselle errante te considérait d’un œil si favorable ?
— Justement, Sentinelli, justement ! Tu ne connais pas les femmes ! Je crois, sans fatuité, avoir plu. Et je m’éclipse, laissant la jeune personne intriguée, vaguement irritée de notre départ, avec le regret de m’avoir si peu vu et le désir de me revoir…
— Ah ! quel roué tu fais, Monaldeschi ! Jusqu’à ce mannequin qui est une trouvaille de génie.