Page:Viollis - Le secret de la reine Christine, 1944.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

— Non, Madame, fit-il, s’efforçant de sourire, c’est son sang à lui.

Et il indiquait la dague, plantée en plein cœur de la bête. Fuis, défaillant, il s’appuya à la roche et ferma les yeux.

Christine, rouge, haletante, les traits bouleversés, se passa la main sur le front et regarda autour d’elle. Ses invités, accourus à leur tour, la regardaient aussi. Elle aperçut au premier rang un des valets chargés de secourir Magnus, la contemplant bouche bée.

Alors levant sa houssine, elle zébra d’un coup violent cette face hébétée en hurlant :

— Maraud ! Butor ! Triple pleutre ! Tu l’aurais laissé écharper sans lever le doigt !

Les coups continuaient à pleuvoir dru sur les épaules et le dos du pauvre hère abasourdi. Et terminant par un maître coup de pied ;

— Va-t-en au. diable, coquin, tête de buse ! À tous les diables ! cria-t-elle.

Remarquant alors les yeux effarés qui la dévisageaient :

— Qu’est-ce qui vous prend, vous autres ? Est-ce que je suis une gorgone ?

Et se tournant vers un autre valet :

— Où est mon cheval, andouille !

— Chez le danneman, Votre Majesté, balbutia-t-il.

Alors sans un mot, sans un regard, Christine tourna le dos et s’en fut, tout courant.