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criquet

— Pas cette horrible lumière ! Ma tête, ma malheureuse tête…

— Allons ! ça ne va pas aujourd’hui, ma pauvre enfant.

Et M. Dayrolles, bâillant de nouveau de toutes ses larges mâchoires, tourna un moment autour d’un guéridon, en traînant ses pantoufles, au passage effleura d’une chiquenaude l’oreille de Criquet, tira sa montre, hésita un instant, puis :

— Il fait encore trop chaud pour la promenade… Décidément, il ne reste plus qu’à dormir, dit-il.

Il saisit à la volée tous les coussins des fauteuils, les jeta par terre les uns sur les autres, s’étendit lourdement sur le parquet qui craqua, entr’ouvrit le col et les premiers boutons de sa chemise de flanelle qui découvrit sa poitrine blanche aux poils roux, cligna des yeux vers Criquet avec un sourire de malice et de bonté, les ferma et bientôt il dormait, la respiration sonore, la bouche entr’ouverte sur ses dents solides ternies par le tabac, sa grande main arrondie sur ses cheveux crépus.

Cet homme actif, vigoureux, à l’esprit énergique et précis, avait les sommeils soudains et profonds d’un tout petit enfant : d’un enfant encore, il avait l’humeur facile, insouciante, les violences promptes, les oublis rapides.

Criquet contemplait pensivement le grand corps étendu qui tenait la moitié de la pièce, le visage aux