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trouva toute plate sous la bande de toile bien tendue. Alors, rassérénée, les yeux candides :

— N’aie pas peur, papa, je te promets qu’on ne s’apercevra de rien : j’ai des moyens, des moyens sûrs !

Rougissante, elle répèta sa phrase avec une énergie mystérieuse et convaincue :

— On t’a raconté, continua-t-elle, l’histoire de cette petite Annamite qui est restée cinq ans au lycée d’Alger ? Elle s’est fait pincer un jour ; moi, cela ne m’arrivera pas, Je te le jure !

M. Dayrolles souriait, un peu gêné. Des moyens sûrs ? Qu’avait-elle encore en tête, cette gamine. Fallait-il la questionner ? Ma foi, c’était bien scabreux ! À quoi bon, d’ailleurs ? Dans un mois, l’enfant ne penserait plus à ces idées fantastiques… Mieux valait ne pas la buter.

— Eh bien, mon petit, laisse-moi le temps de la réflexion. Ton projet, au premier abord, est — comment dirai-je ? — assez inattendu. Tu reconnaîtras bientôt toi-même, qu’il est irréalisable… Et maintenant, assez causé : dépêchons-nous, nous sommes en retard.


On arrivait aux premières maisons du bourg. M. Dayrolles allongea le pas. Camille le suivait, bousculant du pied les coquilles de moules, les carapaces brunes des crabes et les têtes de poissons morts aux gros yeux de colle vitreuse. Les maisons blafardes commençaient à vivre, entre les boules sombres des