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pensé à tout. Tu te souviens qu’il y a deux ans tu m’as permis de commencer le latin et les sciences ? Tante Éléonore a même assez grogné ! Dans ce temps-là, je voulais seulement en savoir autant que Michel, je me moquais du reste. Tout de même, maintenant, je suis aussi avancée que les garçons de mon âge. Alors, sais-tu ce que nous ferons en rentrant à Paris ? Tu diras à tante Éléonore, à miss Winnie, à tout le monde qu’on me met en pension pour me civiliser. Maman, elle, peut être dans le secret, si tu veux. Tu me fais ensuite couper les cheveux, tu m’achètes un vrai costume de garçon (je suis assez grande, c’est une veine, ça !) et en route pour le lycée de Rochefort : Là, tu dis au proviseur : « Je vous présente mon fils, Camille Dayrolles, qui veut entrer au Borda… » Et ça y est, le tour est joué !

Camille souligna sa conclusion par une pirouette.

— Oui, ça y est, répondit tranquillement M. Dayrolles, tu es complètement folle, mon pauvre Criquet.

— Folle ? Sans mes cheveux, je défie n’importe qui de me prendre pour une fille !

— Les cheveux, les cheveux… Il n’y a pas que les cheveux…

Camille le savait : on n’a pas quatorze ans et des petits frères sans connaître certains détails. Mais ces choses-là se voient-elles quand on est habillé ? Si, pourtant, il y en a qui se voient. Elle tressaillit et passa rapidement sa main sur sa poitrine : elle la