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criquet

Et l’étreinte du bras se faisait plus étroite, plus caressante.

— Appuie-toi bien sur moi, disait-il. Tu n’as plus peur, comme cela ?

— Je n’ai jamais eu peur, répondit Camille, piquée.

— Ne te fâche pas, mon Criquet. Cela me cause une si grande joie, la pensée que je peux t’aider, te soutenir… Toute notre vie comme cela, Camille, ajouta-t-il dans un murmure.

Il penchait un visage câlin vers le capuchon de drap, essayant d’apercevoir tout au fond l’ovale clair où luisait la tache des yeux plus clairs.

« Pourquoi, songeait Camille, pourquoi ne me parlait-il pas ainsi l’an dernier, alors que je ne pensais que par lui, que je ne vivais que pour lui ? J’ai changé, moi aussi… Je l’aime bien encore, mais ce n’est plus pour moi Michel, l’ami, l’unique ami, ce n’est qu’un jeune homme gentil, que j’ai toujours connu et qui veut me plaire… »

Ils s’en allaient ainsi par les rues mouillées, appuyés l’un sur l’autre, Michel fier, attentif, les yeux brillants, le cœur ardent, inhabile à démêler ce qu’éprouvait Camille ; inhabile, d’ailleurs que lui importe ? autrefois, elle était laide, il ne songeait pas à elle ; maintenant qu’il la trouvait jolie, il se sentait capable de faire de grandes choses, de se sacrifier, de se dévouer pour elle, mais il la voulait à lui, pour lui, pour lui seul, c’était tout ce qu’il savait, cela suffisait à