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criquet

fum d’ambre, son parfum, baignait toute la pièce. C’était comme une présence muette flottant dans la chambre vide.

Camille contemplait d’un air égaré ces objets familiers : l’armoire où l’on voyait les cols brillants et les cravates, la grande toilette de marbre avec ses robinets et ses flacons, cette glace où si souvent elle avait vu le visage de son père, pendant qu’il brossait ses durs cheveux bouclés. Des souliers jaunes dans leurs embauchoirs attendaient. Il était là, elle le sentait, elle le voyait. Elle tendit les bras et les lèvres en tournant lentement sur elle-même.

— Papa, papa, suppliait-elle.

Elle aperçut le lit, s’y jeta, arracha le couvre-lit et, prenant l’oreiller entre ses deux bras, y ensevelit sa figure. Le parfum d’ambre s’y retrouvait plus vif, avec une autre odeur qu’elle connaissait bien, celle de la chère main caressante, qu’elle avait si souvent sentie dans son cou, sur ses cheveux.

— Papa, réponds-moi, vite, tout de suite, ne sois pas méchant, sanglotait-elle. Je t’aime, je t’aime ! Je ne te l’ai pas dit ce matin, parce que je pensais à des bêtises ; je ne savais pas que tu étais bien malade. Ne me punis pas si fort, ne me laisse pas, je t’en prie, ne me laisse pas ! Je t’aime trop ! Dire que je ne t’ai même pas embrassé, que je t’ai à peine répondu, et maintenant, maintenant… Pardon, papa, mon papa chéri, pardonne-moi, dis-moi que ce n’est pas vrai ! Parle-