Page:Viollis - Criquet, 1913.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.
256
criquet

Et saisie d’une crise de frénésie subite, serrant les poings :

— J’en ai soupé, des hommes ! fit-elle, C’est tout menteur, canaille et compagnie !

— Oh ! pas tous, Louise, protesta Criquet.

— Si, mademoiselle, tous !

— Pas mon père… Papa, j’en suis sûre, n’a jamais commis de vilaines actions !

— Je ne veux rien dire contre monsieur, prononça la femme de chambre avec son air sournois. Mais c’est bien certain que monsieur a dû faire comme les autres quand il était jeune !

Elles se turent jusqu’au moment où elles arrivèrent à la maison de santé. Camille traversa la cour, ourlée de primevères et de crocus en fleurs, et pénétra dans un vestibule orné de plantes vertes où se tenait un petit groom. Une infirmière en tablier de toile parut, jeune, fraîche et souriante sous son bonnet blanc.

— Monsieur Dayrolles cause pour le moment avec l’interne, dit-elle ; votre maman et votre sœur sont sorties, il faudra que vous attendiez un instant au salon, mademoiselle.

Camille vit au portemanteau quatre pardessus à collet de fourrure avec des rosettes rouges à la boutonnière ; ses yeux s’arrêtèrent une seconde sur la tache sanglante, puis allèrent, un peu anxieux, vers un large