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criquet

amie… Vous êtes bien ma petite amie, n’est-ce pas ?

— Oh ! oui monsieur !

— Nous reparlerons de cela quand vous serez une femme, une vraie femme, forte, vaillante, heureuse aussi, et moi un pauvre bonhomme, bien plus vieux encore que maintenant…

— Vous n’êtes pas très vieux, monsieur, fit Camille avec politesse.

Elle l’avait accompagné dans l’antichambre déserte où il endossait, en soufflant un peu, une pelisse de fourrure. Elle l’aida à passer les manches, puis resta debout devant lui, le contemplant avec affection.

— À présent, dit-il, si vous étiez une petite fille, je vous embrasserais… Si vous étiez une jeune fille, je vous baiserais la main…

— Oh ! non !

— Comme vous n’êtes ni l’une ni l’autre, nous allons échanger une poignée de mains, tout simplement, en camarades. Là !… Au revoir, mon amie Criquet, nous nous reverrons. En attendant, pensez à ce que je vous ai dit…

— Oui, monsieur, à bientôt, et merci de tout mon cœur.

Lorsque Camille rentra au salon, l’air content et rêveur, le piano s’était tu depuis un instant. Elle fut tout étonnée de voir que tout le monde la regardait ; on chuchotait, on riait. Une jeune fille s’avança vers elle, puis un jeune homme, puis d’autres encore, et