Page:Viollis - Criquet, 1913.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
criquet

Et le vieillard, hochant la tête, retourna dans l’antichambre, avec les snow-boots et les manteaux.

— Oui ! oui ! C’est ça : les choux, les choux ! crièrent des petites voix aiguës.

Des menottes gantées battirent, puis se tendirent, s’accrochèrent aux mains de Camille, et, traînant un peu leurs souliers sans talons qui glissaient sur le parquet ciré, les enfants commencèrent à tourner.

Camille avait d’abord chanté seule ; mais, peu à peu, une voix grêle, puis une autre se joignirent à la sienne et bientôt ce fut un chœur nasillard, sur lequel tranchaient les cris rauques du gamin à col blanc dont le cou se gonflait, et la note en fausset d’une fillette qui montrait, dans sa bouche dégarnie, deux dents toutes neuves, trop grosses, et rayées de cannelures.

— Pas si fort ! cria-t-on de la pièce voisine.

… On les plante avec son doigt !…

Les enfants se laissent tomber comme s’ils plongeaient ; des petites filles ont le visage entièrement voilé de leurs cheveux ; le jeune Marcel feint de creuser le parquet de ses deux mains, en soupirant d’effort, tandis qu’un bébé aux yeux solennels gratte le bois avec application, de son index potelé.

Quand les petits se relèvent, la joie est à son comble.

Marcel qui, maintenant, conduit la ronde, les tire en arrière, puis les ramène brusquement, si bien que tous les fronts se choquent avec violence. On dit : oh ! en se frottant, puis on rit ; un petit garçon, qu’ont heurté