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criquet

Elle se disait : « Comment ont-elles l’air si heureux ? Elles doivent tant s’ennuyer ! » Et elle se retournait pour les suivre du regard.

— Quelle façon tu as de dévisager les gens ! fit Michel qui l’avait rejointe. Tu vas encore te faire apostropher…

— Je me demande… dit Camille hésitante.

— Quoi ?

— Je me demande à quoi peuvent bien penser toutes ces femmes ?

Michel leva le nez avec importance :

— Peuh ! fit-il. À peu de chose : à leur robe, à leur chapeau… à leur amant…

— À leur amant ? Un amant, Michel, c’est bien quelqu’un qu’on aime d’amour ?

— En voilà une question ! Ne fais pas la bête. Tu le sais bien.

— Mais ces dames-là sont déjà mariées ?

— Eh bien, quoi ? demanda Michel agacé.

Criquet réfléchit un instant.

— C’est que… reprit-elle timidement… tu sais, moi, je n’ai jamais beaucoup pensé à ces choses-là… Je croyais qu’on aimait quelqu’un d’amour avant de se marier…

Michel eut un petit ricanement. Il tourna la tête pour voir si miss Winnie se trouvait à une distance convenable, repoussa son képi en arrière, se campa devant sa cousine, et déclara avec suffisance :