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criquet

— C’est que tante Éléonore avait l’air de dire que je pourrais bientôt en avoir. Alors, j’ai peur…

Louise lança un rire pointu, saccadé, qui s’acheva en chant de coq :

— Bien sûr qu’on peut en avoir : c’est plus facile que de gagner à la loterie. Mais cela ne vient tout de même pas à regarder voler les mouches…

— Comment cela vient-il ?

Louise jeta vers Criquet un regard en dessous et se tut.

— Que mademoiselle s’adresse donc un peu pour voir à la miss anglaise, dit-elle au bout d’un instant.

Elle abaissa les paupières, fit quelques points, puis releva des yeux luisants où semblait frétiller tout un monde de pensées folâtres ; elle passait sa langue sur ses lèvres, l’air gourmand, attendant les questions. Criquet, gênée par ce regard, demanda seulement :

— Et les hommes, Louise ?

— Quoi, les hommes ?

— Ils ne sont pas malades quand les enfants naissent ?

Criquet avait parlé d’un air détaché, car elle devinait la réponse. Louise poussa un cri aigu et se balança sur sa chaise en se tortillant.

— Mademoiselle me fera mourir ! souffla-t-elle enfin, haletante. Malades, les hommes ? Ah ! bien oui, le plaisir pour eux, la peine pour nous !

Louise ne riait plus ; les sourcils froncés, les