Page:Viollis - Criquet, 1913.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
criquet

qui venait de lui jeter un coup d’œil, se mit à rire, pliée en deux, sur le mouchoir qu’elle reprisait :

— Qu’y a-t-il de si drôle ? interrogea Camille offusquée.

— Que mademoiselle me pardonne, fit Louise. Quand je vois mademoiselle se mettre les sangs à l’envers je ne peux pas, là, c’est plus fort que moi !

Et de nouveau elle gloussa.

Criquet, un peu choquée, murmura, comme se parlant à elle-même :

— Il n’y a pas de quoi être si contente !

— Eh bien, moi, il y avait beau temps à votre âge que je tourmentais ma mère pour me mettre des jupes à taille et que je fourrais des paires de bas dans mon corsage… Ah ! j’étais dégourdie, on peut le dire !

— Et pourquoi désiriez-vous tant être grande, Louise ?

— Tiens ! pour m’amuser, comme les autres filles…

— Moi, fit Criquet pensivement, je n’aime pas danser, je n’aime ni les robes ni les rubans. Je voudrais bien vous ressembler.

Et après un silence, elle ajouta plus bas :

— Vous n’avez jamais eu d’enfant, Louise ?

La femme de chambre sauta sur sa chaise en laissant tomber ses ciseaux :

— Un gosse, moi ? Ah bien ! En voilà une question, mademoiselle ?