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III


Le lendemain matin, au moment où Louise frappait à la porte, Criquet revécut en une seconde le rêve qui toute la nuit l’avait torturée : elle galopait furieusement à travers les landes de l’île Aulivain, contre le vent qui hurlait et coupait ; des pas la poursuivaient plus proches, toujours plus proches, jusqu’à l’extrême bord de la falaise.

Elle s’arrêtait, hésitait une seconde en apercevant en bas, sous l’écume, des rocs dressés comme des crocs dans de la salive blanche ; mais l’inconnu la rejoignait, une pointe acérée s’enfonçait à travers ses reins ; elle se jetait dans le noir, dans le vide, arrivait au gouffre bouillonnant, et au moment d’être broyée ou happée, se retrouvait sur son lit, les yeux fixes, les dents serrées, les cheveux humides.