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dos, dans le creux des reins, jusqu’à ses pieds, s’égoutte une petite pluie piquante et drue. Comme cela chatouille ! Elle rajuste son tricot, se secoue, s’ébroue, mais ses cheveux, ses cils, sa peau rose et moite sont tout étincelants de poussière d’or et d’argent.

— Bah ! Pour une fois je peux bien mettre de la poudre !

Maintenant, en route vers la mer ! Camille se plaît d’abord à rebondir sur le sable humide, élastique et poli, étend les bras, les ramène vivement sur sa poitrine, fait plier ses jambes, et, les sentant souples et dociles, elle redouble son élan, galope vite, toujours plus vite, si vite qu’elle n’aperçoit plus entre ses paupières qu’un papillotement blond taché de bleu ; ses paumes ouvertes sifflent, il lui semble ne pas toucher le sol, s’éparpiller dans l’air, ne plus être qu’une petite chose transparente que le vent traverse, soulève. entraîne… Et c’est une sensation si enivrante que Camille crie de plaisir, de souffrance et presque d’épouvante.

Une large flaque violette que la mer a laissée et qui repose toute calme sous le soleil, l’arrête un instant ; elle y entre grisée, la tête et le cœur vacillants, et goûte aussitôt un apaisement délicieux à sentir la caresse de l’eau tiédie sur ses mollets brûlants d’égratignures. Sa joie, qui tout à l’heure s’échappait en flèches aiguës, s’épand autour d’elle par nappes lentes et tendres.