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criquet

sortir, Maman aussi ; mon cousin n’a pas voulu rester… Mais ça ne fait rien…

D’une main, M. Poiret tient contre sa poitrine une immense serviette affaissée et inégalement bossuée d’objets divers, — de l’autre, des journaux, des brochures, un parapluie ruisselant et son chapeau melon. Il a aux pieds d’énormes snow-boots et sourit, debout sur le seuil, d’un air naïf et embarrassé.

« Allons ! Il a encore apporté tout son bagage, » pense Camille avec découragement,

— Entrez donc, monsieur Poiret, lui dit-elle. Je vais vous débarrasser.

Mais M. Poiret ramène son parapluie et son chapeau contre son ventre plat et serre sa serviette sur son cœur :

— Je ne souffrirai jamais, mademoiselle, proteste-t-il.

Il heurte un fauteuil, s’élance, pour éviter Criquet, contre la table d’où tombent un livre et un mouchoir, se baisse pour les ramasser, laisse échapper son parapluie, son chapeau, les brochures qui s’éparpillent, rencontre de sa tête la tête de Camille qui s’est mise à quatre pattes pour lui porter secours, et se redresse enfin rouge, balbutiant, éperdu, multipliant les « Pardon… Excusez ma maladresse, mademoiselle… Pardon encore… »

« Et dire que chaque fois c’est la même histoire ! » soupire Criquet, les yeux au ciel.